Le comte Guido Henckel Von Donnersmarck, grand industriel prussien dans les mines de charbon, acquiert en 1852, le château de Pontchartrain qu'il fait restaurer par l'architecte Pierre Manguin pour l'offrir à celle qui deviendra sa première épouse en 1871, la Païva.

Ayant hérité de sa famille le château, style Tudor, de Neudeck en Silésie, le comte y fait également ériger un nouveau château inspiré de celui de Pontchartrain, mais dans un style néo-baroque, par Pierre Manguin à partir de 1868, puis à la mort de ce dernier, par Hector-Martin Lefuel (Musée du Louvre). L'ancien et le nouveau châteaux de Neudeck sont détruits par les communistes après la seconde guerre mondiale.

A noter : le comte, peu de temps avant son décès en 1916, est à l'initiative de la Fondation Prince Donnersmarck de Berlin qui oeuvre aujourd'hui pour les personnes handicapées et la recherche neurologique.

On ne le dira jamais assez : les parcs de Versailles et de Pontchartrain possèdent de nombreuses similitudes. Et pour cause, tous 2 ont été dessinés par Le Nôtre, la lignée de Pontchartrain étant très proche de la cour de Versailles. Mais paradoxalement à la grandeur du château de Versailles, la perspective Le Nôtre de Pontchartrain reste la plus longue qu'il n'ait jamais réalisée : 13 km de Sainte-Apolline à La Queue-lèz-Yvelines.

Le ru d'Elancourt

Si l'eau  est un composant incontournable des deux perspectives, son origine en est quelque peu différente. En effet, celle de Versailles provient de tout un réseau construit artificiellement, ponctué d'étangs (dont ceux de Hollande). L'eau de Pontchartrain, quant à elle, provient du Ru d'Elancourt (lieu de source éponyme situé à 7km) qui passe dans le parc du château, notamment le long de la Maison du Pêcheur et de l'aile Sud du château. Cette configuration appelle 2 remarques :

- la présence humaine se faisant rare depuis de très nombreuses années dans le parc du château, la biodiversité de ses zones humides irriguées par le ru et les pièces d'eau ne peut y être qu'abondante et riche,
- la proximité du ru et des bassins avec le bâti Sud rend ce dernier vulnérable aux éventuelles inondations déjà constatées en amont, dans le hameau de Chennevières, en particulier.

Le circuit hydraulique 

La longue procession des jeux d'eau du début des années 1900 décrite ci-dessus tenait à la récente restauration du circuit hydraulique commanditée par Auguste Dreyfus, propriétaire du domaine.
Partant de La Grande Croix de Sainte-Apolline pour alimenter d'abord le château et ses annexes puis les pièces d'eau du Grand Parc, le réseau parcourt plus de 2 km en souterrain, avec notamment 2 dômes de visite (1 à droite dans le dénivelé de la RD912 vers Chateauvillain et 1 au niveau du Ruchot sur la route de Jouars dont l'eau provient du Fond de Bienval pour alimenter l'ancien potager et ses serres, de l'autre côté de l'avenue du Château).

Pas moins de 20 regards ponctuent le réseau souterrain jusqu'au lieu de la Grande Gerbe ou celui de la Turbine en passant par le château. Mais la perspective étant rompue dans son unicité et redistribuée à 3 propriétaires distincts : le Département pour la partie de Sainte-Apolline à la grille d'entrée du domaine, Histoire & Patrimoine pour le château et le Petit Parc et la SCI Phélypeaux pour les pièces d'eau et le Grand Parc, les futurs travaux et creusements dans le parc par Histoire & Patrimoine ne seront pas neutres sur l'intégrité des vestiges du réseau hydraulique.

Si un arrêté de fouilles préventives à tous travaux (reposant sur la présence d'un manoir médiéval dans le parc du château) a été établi par le Préfet de la Région Île-de-France en septembre 2021, j'invite le lecteur à consulter le plan du circuit hydraulique du château et de son parc alimenté par l'Etang de la Grande Croix et le ru de Bienval, traversant la route de Jouars à partir du  potager et du Ruchot.  Ce réseau, restauré par Auguste Dreyfus, propriétaire du domaine à la fin du XIXème siècle mériterait toute l'attention des instances patrimoniales.

N'hésitez pas à cliquer et zoomer les images.

Pour une meilleure visibilité :

Après la Révolution, la marquise d’Osmond, grande bienfaitrice de l’hôpital de Pontchartrain, fait construire un manège, derrière les communs du château, pour les chevaux de son époux.
Dans la seconde partie du XXème siècle, le majestueux haras est transformé en hangar agricole par la famille Lagasse, propriètaire du domaine depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin de la 2ème décennie du XXIème siécle. A noter que M. M. Lagasse est également propriétaire de chevaux de courses.

Alors que le 4ème modificatif au Permis de Construire déposé au mois d'août 2021 par Histoire & Patrimoine est encore en instruction, les appartements prévus dans le Haras sont déjà mis en vente sur Internet. Est-ce bien normal ? 

https://www.logisneuf.com/programme-immobilier-219748/laile-phelypeaux/jouars-pontchartrain.html 

Dans la continuité de notre dernière randonnée dans le bois de La Cranne, nous avons voulu découvrir le parc du château de Plaisir, de l'autre côté de la RD30.

Télécharger « Château Plaisir.pdf » (12 pages PDF - Plan et histoire en page 1)

Rappelons que le domaine fut avant la Révolution tour à tour la propriété  des comtes de Pontchartrain et de Maurepas, en fonction de leur position à la cour entre Henri IV et Louis XVI. 

Racheté fin 1976 par la mairie de Plaisir, il accueille les affaires culturelles de la ville avec parmi elles, la bibliothèque au rez-de-chaussée du château et le théâtre Robert Manuel dans La Grange. Aujourd'hui, dès l'entrée dans le parc une petite effervescence y règne dans la préparation du forum des associations de samedi prochain.

Le parc, mixant jardin paysager et étendues plus sauvages est un enchantement ouvert à tous : un très bel exemple de reprise dans le bien public d'un bâtiment historique à quelques kilomètres de Pontchartrain. Une comparaison est inévitable avec l'ultime privatisation du domaine Phélypeaux à laquelle Pontchartrain assiste pour un domaine issu de la même époque et des mêmes propriétaires que celui de Plaisir. TRISTESSE : voici à côté de quoi nous sommes passés à 45 ans d'intervalle...