• Une ville dans la ville

     

    1995-1999 : le Technocentre Renault à Guyancourt

    Dès 1990, lorsque le projet devint officiel, j’œuvrais pour travailler sur celui-ci au sein même de mon entreprise. La plupart des salariés devant déménager venait de Rueil-Malmaison et je dus me rendre sur place de 1992 à fin 1994 pour préparer les transferts pendant que les premiers bâtiments sortaient de terre à SQY.

    Le terrain qui a été retenu à Guyancourt se déploie sur 150 hectares à proximité du golf national - limite sud de Saint-Quentin-en-Yvelines, la plus proche du plateau de Saclay mais également la plus éloignée de la gare SNCF – le RER de La Verrière-La Défense fut inauguré en 1995.

    Capable d’accueillir une dizaine de milliers de résidants, tous en lien avec l’ingénierie, la logique principalement retenue pour la construction des bâtiments du Technocentre fut celle de la conception de ses véhicules. Le premier bâtiment rencontré à l’entrée principale du site est l’Avancée, lieu de recherche appliquée, d’avant-projets ainsi que du design. Ensuite, reliée à l’Avancée par une passerelle et un atrium dans son prolongement, la Ruche, lieu de bureaux d’études pour arriver finalement au Proto, lieu de réalisation des prototypes.

    Une attention particulière fut observée sur le paysager interne comme externe ainsi que sur la biodiversité. Par ailleurs, le site fut conçu exclusivement piétonnier avec des parkings desservis par une rocade routière.

    En mars 1995, je fus nommée secrétaire technique du chef d’établissement, gestionnaire du site.

    Nous arrivâmes à une cinquante de personnes dans des bâtiments préfabriqués extérieurs à la zone de chantier pour mettre en route tous les modes de fonctionnement du site. Les allées et venues avec ce gigantesque chantier se faisaient toujours avec casque et chaussures de sécurité – que j’ai gardés en souvenir – et qui laissaient de nombreuses traces de boue sur les dalles Nairn composant le sol de nos bureaux provisoires !

    Le Proto ouvrit ses portes quelques mois plus tard avec environ 500 personnes. Nous accueillîmes à partir de 1996 les premiers résidants de l’Avancée, environ 2000 personnes ; j’intégrai avec une poignée de collègues ce même bâtiment. Puis les 4000 personnes de la Ruche finirent par rejoindre le site qui fut inauguré en 1998 avec donc 6500 à 7000 résidants.

    La plus grosse difficulté fut de déplacer les salariés de 25 km, de Rueil (proche de La Défense) ou de Boulogne-Billancourt vers Guyancourt. Pour diverses raisons, un conflit social inédit d’ingénieurs et de techniciens éclata en 1995 à Rueil avec, sous-jacente, une angoisse liée à ces transferts imposés. En effet, les statistiques de l’époque montraient que 60% de la population concernée avaient leur domicile à l’extérieur de la ville nouvelle. Des mesures d’accompagnement furent alors mises en place simultanément aux négociations avec la ville nouvelle pour mieux desservir le Technocentre à partir de la gare SNCF. Ces mesures d’accompagnement devaient favoriser, entre autre, l’accès à l’habitat dans la région et plus particulièrement en ville nouvelle. 

    Pour ma part, j’habitais déjà dans la région et de surcroît, j’étais volontaire, je ne bénéficiai donc évidemment pas de ces mesures.

    Une ville dans la ville : le Technocentre Renault à Guyancourt

    En 1999, je retournai sur le site de Rueil-Malmaison pour accompagner le transfert interne de 1500  personnes dans un nouveau bâtiment. Personnellement, je retrouvai les embouteillages quotidiens malgré la mise en service de la déviation de la RN12 et l’élargissement de A12.

    Dix ans plus tard, je quittai définitivement le monde effréné de l’automobile.


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  • Des champignons au milieu des champs (suite)

    1975-1977 : la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines et l’Euromarché

    Je suivais mes études supérieures à Paris et prenais le train de la ligne Rambouillet - Paris-Montparnasse à Trappes. Cette dernière qui possédait, à l’origine, des arrêts à Saint-Cyr-l’École, Versailles-Chantiers et Viroflay-RG, en compta bientôt un quatrième avec l’ouverture de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines en 1975, entre Trappes et Saint-Cyr.

    La voie ferrée longe la RN10 par la droite sur cette portion. À gauche, la première grande surface de la région ouvrit également ses portes au milieu des champs. Quelques boutiques vinrent s’y adjoindre.

    La construction d’une passerelle vitrée enjambant la nationale permit de relier la zone commerciale à la gare.

    En juillet 1977, je travaillais ainsi que mon futur mari – qui venait de Paris - à la comptabilité d’Euromarché pour nous payer nos vacances. À la sortie du bureau, nous pouvions faire quelques courses. Je me souviens notamment m’être acheté une jolie et longue jupe fleurie et plissée sur fond noir dans une boutique face à l’entrée du supermarché et à proximité d’un manège pour enfants. Plus tard, lorsque nous arrivâmes à Pontchartrain, nous faisions régulièrement le plein en eau de source aux fontaines situées sur le parking d’Euromarché. Parking qui pouvait devenir en moins d’une heure une véritable patinoire en hiver !

     

    1979 : mon mariage à Élancourt

    Si la bénédiction religieuse fut célébrée à l’église Saint-Médard du village, le mariage civil eut lieu à la nouvelle mairie des Sept Mares car la mairie-école du village avait été fermée.

    Notre photographe ayant probablement estimé que le béton ne pouvait traduire l’esprit de notre mariage, nous n’avons aucune photo extérieure prise devant la mairie. En revanche, la traine de ma robe fut parfaitement mise valeur sur les marches de l’escalier intérieur conduisant à la salle de mariage. Nous fûmes mariés par un adjoint du village - quartier de la Muette - ; le maire étant alors Alain Danet de la ville nouvelle.

     

    1982 : la ligne C du RER

    Nous revînmes vivre dans la région à la fin 1981, à Pontchartrain, commune limitrophe de la ville nouvelle. Nous travaillions, l’un à Boulogne-Billancourt, l’autre à  Paris-Austerlitz. Cela tombait bien : la nouvelle ligne reliant les banlieues Ouest et Sud en passant par Paris fut créée à ce moment-là. La gare de Saint-Quentin-en-Yvelines en devint la tête de ligne à l’ouest.

    Pendant plusieurs années, nous nous rendîmes en voiture jusqu’au parking de la gare, couvert, sur 5 niveaux et gratuit, son accès étant sur la droite juste avant la passerelle au-dessus de la RN 10. Lorsque tout se passait bien – pas d’incident technique ou de grève – nous prenions notre train à 7h29, je descendais 25 mn plus tard à Issy-Plaine et mon mari continuait jusqu’à Austerlitz. Le soir, nous effectuions le trajet inverse et j’essayais de retrouver mon mari à Issy-Plaine dans les wagons de tête des trains SLIM ou SVEN dont la première lettre S signifie que le train a bien comme destination SQY.

     

    1983-1986 : la colline d’Élancourt et la Clef Saint-Pierre
    Pour rentrer en voiture à Pontchartrain à partir de la gare de SQY, nous empruntions la RN10 jusqu’à Trappes puis l’ancienne RN12 devenue, depuis la création de sa déviation, la RD 912. Nous laissions sur notre droite la base de loisirs de l’étang de SQY ainsi que la zone d’activités de Pissaloup à Trappes. Nous laissions également, mais cette fois sur notre gauche, la colline d’Élancourt constituée des résidus de décharge et de terrassement de la ville nouvelle et qui devint progressivement le point culminant de la région Île-de-France à environ 230m d’altitude. A son pied, il y a quelques jardins comme ceux que l'on peut apercevoir le long de la voie ferrée à partir du pont de la Mare Savin à Trappes.
    Toute cette partie du territoire était autrefois une zone maraîchère cultivée par des agriculteurs de la ferme Cuypers de Trappes.
    En 1983, la commune de Plaisir qui sortit de la ville nouvelle de SQY céda à la commune d’
    Élancourt une partie de son territoire situé entre l’actuelle RN12 et la RD 912. Nous assistions alors à la naissance de la Clef Saint-Pierre, jour après jour.
    Lorsque nous arrivions ensuite à la hauteur de la jardinerie Truffaut (Clause à l’époque) à Sainte-Apolline, nous avions tout le loisir, pris que nous étions dans de monstrueux embouteillages, d’admirer l’allée formée par la RD 912 à 3 voies, bordée de forêt jusqu’à l’entrée de Pontchartrain !

     

    1987 - 1989 : Ouverture du centre commercial régional et réflexion personnelle sur les transports

    Durant cette période, nous subissions les aléas de la ligne C du RER ainsi que les embouteillages aux entrées et sorties de la ville nouvelle.  Simultanément,  j’entendis parler officieusement d’une future implantation du centre de recherche de mon entreprise à Saint-Quentin-en-Yvelines alors que je reprenais des études dans le domaine des transports. En 1989, je présentai un mémoire de fin d’études sur les difficultés de transport que rencontraient les migrants domicile-travail de SQY.
    Pour cela, j’enquêtai auprès de l’EPA (Établissement public d’aménagement) à Magny-les-Hameaux et de plusieurs entreprises qui venaient de s’installer en ville nouvelle : Bouygues (Challenger) à Guyancourt, Le Crédit Agricole à Montigny, Électronique Serge Dassault à Pissaloup.

    Pendant que l’Euromarché - qui n’était que provisoire – était détruit d’un côté de la RN10 en 1988, un grand centre commercial se déploya de l’autre côté, près de la gare : galerie couverte composée d’un hypermarché et de boutiques auxquelles vint s’ajouter une longue rue commerçante à ciel ouvert et piétonne. C’est en cela que ce nouveau centre trouva son originalité par rapport à Parly II, créé en 1969 à proximité de Versailles.

     

    1991 : ouverture de France miniature à Élancourt

    Nous nous y rendîmes pour la première fois en 1998 en compagnie d’amis du Pas-de-Calais. J’aurais aimé, au même titre que d’autres villages plus ou moins connus du grand-public, qu’une reconstitution de celui d’Élancourt ou d’un de ses édifices comme celui de la Fondation Méquignon y accueille les visiteurs. En revanche, les maquettes installées au sein de nombreux végétaux et fleurs rendent la visite très agréable et donnent l’illusion d’une réalité à plus grande échelle. 


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  • Des champignons au milieu des champs

    1970 : premiers quartiers à Élancourt et Maurepas

    Je ne crois pas me tromper en disant que le premier quartier de la ville nouvelle actuelle qui vit le jour en 1970 est la résidence de la Commanderie des Templiers, limitrophe d’Élancourt et de Trappes : cité pavillonnaire avec jardins privatifs située à droite après le bois des Réaux, à la sortie du village d’Élancourt en allant vers Trappes.

    Mes premiers contacts avec ce quartier furent d’ordre relationnel. En effet, quelques jeunes nouveaux arrivants descendaient régulièrement au village, soit à pied soit à mobylette, pour rejoindre la maison des jeunes que nous avions été autorisés de construire près de l’école-mairie.

    Préfabriqués, les parois extérieures bleues et le toit blanc en forme de dôme furent montés principalement  par de jeunes adultes du village. Prévus pour accueillir différentes activités, les locaux furent essentiellement utilisés comme lieu de rencontre et de danse. Ils drainèrent alors d’autres jeunes des alentours, notamment ceux de Maurepas - qui se trouvait à ce moment-là dans le périmètre de la ville nouvelle et qui en sortit quelques années plus tard - La maison fut détruite et remplacée par 2 ou 3 magasins de proximité.

    Le quartier nouveau de Maurepas construit par Jacques Riboud venait contrer les vues urbanistiques de la ville nouvelle. À noter que la réalisation de ce programme intervint après celui de la Haie Bergerie à Villepreux et avant celui, bien plus modeste en taille, du Pré des Fontaines à Pontchartrain.

    Il mixe encore aujourd’hui un habitat de maisons individuelles jumelées et un centre-ville un peu plus haut en étages autour de l’hôtel de ville. Dans les années 70, le centre commercial de Maurepas accueillait la première brasserie digne de ce nom dans la région. Nous nous y rendions de temps en temps avec mon amie d’enfance en 1975-1976 pour y prendre un café - l’âge de la majorité étant passé à 18 ans en 1974 - car nous avions un ami qui y travaillait comme barman.

     

    1973 : Montigny-le-Bretonneux

    Cet ami faisait partie d’un trio : l’un habitait à Trappes dans un immeuble au-dessus d’un ancien Franprix et était mon petit copain, les 2 autres au village de Montigny-le-Bretonneux dans les nouveaux quartiers de Simmontigny (1965) et du Village Saint-Martin qui préfaçaient la ville nouvelle.

    Il nous arriva à une ou deux reprises, avec mon amie d’enfance qui habitait au hameau de Launay, d’effectuer le trajet d’Élancourt à Montigny à pied (environ 10 km) ne serait-ce que pour les voir une petite heure !

    La montée isolée par le bois des Réaux nous angoissait un peu ; elle fut aménagée depuis pour desservir, entre autre, le parc de France Miniature. Puis nous passions par le centre-ville de Trappes pour prendre au passage mon petit copain. Nous prenions alors la rue de la gare et le sous-terrain sous les voies ferrées pour rejoindre la station de Météo France. Nous longions ensuite la route départementale sur plusieurs kilomètres à travers champs avant d’atteindre sur la gauche l’enceinte murée du château de la Couldre. Entre Trappes et Montigny, le paysage était constitué de vastes espaces cultivés à perte de vue.

    Nous nous rendions également en bicyclette – la circulation automobile était peu dense à l’époque - en bout de digue de l’étang de Saint-Quentin ou à l’étang des Noës de La Verrière pour y pêcher entre amis.

    Mon petit copain, celui qui habitait Trappes, venait me chercher en 2CV, le samedi midi, à la sortie des cours au lycée Marie-Curie de Versailles. Nous passions alors par les étangs de la Minière et par Guyancourt dans un environnement dénué de toute construction.

     

    1974 : Autour de la Coudriette à Élancourt
    Si mon père fut le premier à construire notre maison sur la gauche au début du chemin de la Coudriette à Élancourt en 1962, d’autres pavillons vinrent progressivement nous tenir compagnie. Puis en 1974, la première tranche de la résidence des Élancourtines vit le jour un kilomètre plus haut, en face du terrain de football. La seconde tranche sortit de terre un peu plus tard après le bois.

    Il va sans dire que le trafic routier quasi inexistant jusque-là sur le chemin prit de l’ampleur. Sans compter la possibilité de relier d’autres nouveaux quartiers de la ville nouvelle comme les Nouveaux Horizons ou encore ceux de Maurepas. À noter que lorsqu’on continue le chemin de la Coudriette après avoir laissé sur la droite le manoir de la Coudraye - appartenant à l’époque à un médecin parisien - on arrive à la résidence du Bois de Maurepas construite également dans les années 70.


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  • La mode vestimentaireLa mode vestimentaireLa mode vestimentaireLa mode vestimentaire

     

     

     

                     

              

                 1970                          1971                        1973                        1976

    1968 bouleverse les codes, notamment pour la femme dont le maître mot devient : liberté.

    J’ai à peine 11 ans à l’époque et appréhende peu le changement sauf dans l’abandon progressif de la blouse lorsque j’entre en classe - rose pour moi – Le port du pantalon me parait normal, celui de la mini-jupe également bien qu’il choque mes parents lorsque les pattes d’éléphant sont de largeur démesurée ou que la jupe est trop courte ! sans parler du short en plein hiver accompagné de bottes et d’un manteau « maxi » très long, laissé ouvert !

    J’ai quelques difficultés à imposer le jean auprès de ma mère – elle lui préfère le « Tergal » qui se lustre à l’usage ou le «Jersey »  qui laisse des poches aux genoux lorsqu’on reste trop longtemps assis ! Je suis fan des jean’s « Loi’s », bleu foncé, une chance : ils ne sont pas délavés ! mais ils coûtent la peau des fesses. Un supplice lorsqu’ils viennent d’être  nettoyés : il faut que je m’allonge pour pouvoir remonter la fermeture « Éclair ». Les « Clark’s » ou les « Kicker’s », larges et sans talon,  n’habituent pas le pied à être chaussé élégamment selon ma mère.

    En revanche, l’explosion des couleurs ne semble pas la perturber outre mesure, ni l’arrivée des nouvelles matières « peau de pêche ». Là où c’est plus difficile, c’est de lui faire acheter des pulls « Shetland »confectionnés à la machine alors qu’elle a l’habitude de les tricoter.

     


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  • Les eaux de toiletteLes eaux de toiletteLes eaux de toilette
    La première eau de toilette avec laquelle je me parfume est « L’Air du Temps » de Nina Ricci. J’ai 13 ou 14 ans, ce sont mes premières boums. Ma sœur, adulte, revient le week-end chez mes parents et y laisse quelques affaires que je me fais un plaisir d’emprunter. À noter qu’elle laisse trainer sur sa table de chevet un livre traitant de la contraception qui m’éduque sur le fonctionnement hormonal. L’air du temps, parfum fleuri, féminin par excellence, ne me quittera plus durant toutes les années 80. La sœur ainée de mon amie d’enfance, elle, se parfume avec « Fidji » de Guy Laroche. La femme est une île avec un exotisme qui me plait beaucoup.

    J’ai 16 ans et ma tante m’emmène en vacances au col des Saisies. J’y découvre, pour de brefs instants, les « Foins Sauvages » dans une boutique qui appartient aux parents du champion de ski natif de la station. Lorsque j’ouvre le flacon, sans marque, à mon retour à Élancourt, l’air vivifiant de la prairie face aux Aravis m’envahit et c’est le souvenir d’un motard sétois qui me dit à cet endroit « Comme tu sens bon ». Je ne l’ai jamais revu et l’odeur se volatilise en un rien de temps !

    J’ai  17 ans et je passe quelques jours en camping sur l’île d’Oléron avec mes amis d’Ergal. Une des copines se parfume à l’« Eau de Rochas ». J’emprunte une jolie chemise écossaise dans les tons orangés à l’un des garçons  ainsi que quelques gouttes d’« Eau de Rochas ». La fraîcheur des vagues de l’océan m’enlace pour une soirée.


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