• Plaidoyer pour le devenir du château de Pontchartrain

    Habitante de Jouars-Pontchartrain depuis ma plus tendre enfance et propriétaire d’une maison sur la place inscrite à l'inventaire supplémentaire des bâtiments de France, créée avec son haha en 1755 sur les terres du château, je peine à voir partir en fumée l’unité que constitue le domaine de Pontchartrain.

    Datant du XVIIème siècle, il a été embelli et remanié par ses propriétaires successifs de renom (plusieurs ministres et chanceliers de la lignée des Pontchartrain, le marquis d’Osmond, la Païva, Auguste Dreyfus…) jusqu’en 1932, date à laquelle il a été vendu à une famille éleveuse de bovins.

    De nos jours, le château a encore fière allure vu de l’extérieur mais pour des raisons fiscales, des planchers intérieurs ont été détruits, la chapelle et le jardin d’hiver n’ont pas été entretenus, les écuries servant d’entrepôt agricole, l’orangerie,  le manège, la maison du jardinier, les serres du potager se trouvent plus ou moins en état de ruine. Le parc aménagé par André Le Nôtre au sein d’une perspective de 13 km est classifié en zone agricole au PLU de la commune avec son sous-sol qui accueille un circuit hydraulique complexe restauré à la fin du XIXéme siècle par Auguste Dreyfus et au sud, la plus grande ville gallo-romaine d’Île de France, Diodurum.

    Plaidoyer pour le devenir du château de Pontchartrain

    Le domaine a été démantelé et vendu sans bruit en 2018-2019. A ce jour, voici la répartition des  différents propriétaires :

    - Avenue du château : route départementale
    - Potager et serres : ancien propriétaire du domaine
    - Château, dépendances et parc avant : Histoire et Patrimoine, promoteur spécialisé dans la défiscalisation de bâtiments historiques. Projet de 109 logements à travers le dépôt d’un 2ème permis de construire en décembre 2020 refusé à ce jour par les ABF (41 appartements de luxe dans le château, et 68 dans les communs dont 25 sociaux)
    - Parc arrière avec ses pièces d’eau et Diodurum en sous-sol : SCI Phélypaux constituée à 90% par 2 agriculteurs/investisseurs, 10 % restant entre les mains de l’ancien propriétaire du domaine à des fins de chasse.

    De par la qualité exceptionnelle de la conservation dans la nappe phréatique de Diodurum et la continuité d’occupation de l’Antiquité aux Temps Modernes dans la plaine de la Haute Mauldre, l’ouverture d’un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine a été acté par la DRAC. Par ailleurs, la création en région parisienne d’une école universitaire de l’archéologie vient d’être décidée par l’INRAP. Et dans le cadre d’un rapprochement avec la Maison Jean Monnet à Bazoches s/ Guyonne, 4ème lieu européen situé à 6 km du château, ce dernier campus pourrait accueillir l’Observatoire de l’Enseignement de l’Histoire Européenne initié par le Président de la République en vue de renforcer une conscience européenne commune.

    A l’instar d'un des projets visant à pérenniser le domaine de Grignon en un haut lieu de l’environnement et de la transition écologique, il paraîtrait légitime, ne serait-ce que par la seule présence de Diodurum dans son sous-sol, de conforter le domaine de Pontchartrain en tant que  centre témoin de l’archéologie et de l’histoire européenne.  Il serait plus judicieux de classer le parc aménagé par Le Nôtre en paysage remarquable ouvert au public et de le restaurer avec la création de voies douces permettant de relier les chemins et les sites patrimoniaux de la plaine de la Haute Mauldre. L’ancien potager et ses serres pourraient accueillir par ailleurs des cultures maraîchères et fruitières destinées à une consommation en circuit cours.

    Ainsi, une telle réhabilitation du domaine laisserait espérer un véritable développement économique durable, culturel et touristique pour la commune de Pontchartrain plutôt que de la livrer à des promoteurs immobiliers.

    Toutes les instances (locales, départementales, régionales et ministérielles) ont été alertées par l’Association Chartripontaine de Sauvegarde de l’Environnement Rural et de la Biodiversité (ACSERB) sur le dramatique démantèlement de ce patrimoine national situé à 30 km de la capitale, oublié de tous pendant toute la seconde moitié du XXème siècle et les deux premières décennies du XXIème siècle.

    Il devient urgent de défendre un projet d’unité alternatif à un irréversible découpage à des fins privées du domaine de Pontchartrain.

    PJ :

    Extrait des Paysages de France, rapport de 2004 d’Anne Fortier Kriegel

    Jouars-Pontchartrain : un patrimoine naturel et historique exceptionnel de l’ACSERB – fin 2020

    Pétition

     


    3 commentaires
  • Eléonore-Adèle d’Osmond, comtesse de Boigne (1781 – 1866), sœur  du Marquis d’Osmond, propriétaire du château de Pontchartrain est connue pour ses Mémoires publiés à titre posthume, appréciés de Proust, et que j’ai retrouvés sur Gallica de la BNF. La référence à Pontchartrain y est faite à 8 reprises :

     p.34 La terre de monsieur de Machault est à trois lieues au delà de Pontchartrain, par des chemins alors affreux

     p.35 Si Thoiry avait été en deçà de Pontchartrain, peut-être n'y aurait-il pas eu de révolution en France

     p.123 Je voulais aller rejoindre ma famille à Pontchartrain

     p.157 Je désirais beaucoup faire parvenir une lettre à ma famille alors à Pontchartrain

    Portrait d'Adélaïde d'Osmond par 
            Jean-Baptiste Isabey.

    p.164 elle m'était apportée par le régisseur de Pontchartrain, Moreau

    p.166 En effet, ce même Moreau, qui était venu me chercher à Paris, alla le lendemain de Pontchartrain à Rambouillet, parvint jusqu'au maréchal, lui porta de l'argent et lui offrit de l'emmener par les bois jusqu'au pavillon qu'il habitait où il aurait pu être très bien caché

    p.233 Mon homme le vit monter en voiture pour gagner Pontchartrain par Jouy, en évitant Versailles(...)L'habitation de Pontchartrain est fort isolée, et je me sentis un peu soulagée de l'y savoir installé

    p.234  MÉMOIRES DE LA COMTESSE DE BOIGNE Je m empressai de l'expédier à Pontchartrain

    La comtesse a également écrit le roman : « La Maréchale d’Aubemer » que j’ai récemment commandé dans l’espoir d’y glaner des informations de l’époque sur le château de Pontchartrain. Contre toute attente, se déroulant dans un réputé salon parisien,  le nom de Pontchartrain n’y figure malheureusement pas. En revanche, puisant son inspiration autour de Versailles,  hommage est rendu à d’autres noms à travers différents personnages tels les demoiselles d’Elancourt dont une, Emilie, est l’héroïne du roman, madame Simon de Montford ou encore le château de Magnanville (près de Mantes-la-Jolie).

    A noter que le style du roman s’avère très représentatif des mondanités et futilités de l’époque. Sa lecture m’a très vite lassée !

     


    1 commentaire
  • En bordure de la rue de la Cimbale


    votre commentaire
  • Au-delà d'une perspective Le Nôtre qui s'étire sur 13km de Sainte-Apolline à La Queue-lès-Yvelines, l'ancien domaine de Pontchartrain se répartit sur 3 communes :

    - Jouars-Pontchartrain
    - Le Tremblay-sur-Mauldre
    - Neauphle-le-Vieux

    Domaine de Pontchartrain : les parts du gâteau

    A Jouars-Pontchartrain, il est maintenant partagé entre 4 propriétaires :

    - Avenue du Château : route départementale
    - Potager et serre : M. Lagasse (ancien châtelain)
    - Château, parc avant, communs : Histoire & Patrimoine (promoteur)
    - Parc arrière jusqu'à la limite ouest des pièces d'eau : SCI Phélypeaux (agricole)

    Domaine de Pontchartrain : les parts du gâteau

     

    Fiches issues de la base Mérimée (Monuments Historiques)

    Domaine de Pontchartrain : les parts du gâteau

    Domaine de Pontchartrain : les parts du gâteau

     

     


    votre commentaire
  • En recherchant les différents propriétaires du début du XXème siècle de notre maison familiale à Ergal (archives départementales des Yvelines en ligne), j'ai trouvé le château de Pontchartrain sur la matrice des propriétés bâties du cadastre napoléonien de 1910 à 1937. Des démolitions (DC) y sont annotées.


    Voir la grille de lecture de ce type de document.

    La propriété bâtie du château de Pontchartrain en 1937

    Cadastre napoléonien en 1889 : propriété d'Auguste Dreyfus 

    Situation en 1937 de la propriété bâtie du château de Pontchartrain


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique