• Ergal : une maison pour les dimanches après-midi à 2 kmErgal : une maison pour les dimanches après-midi à 2 km

    Venant de mes grands-parents paternels, nous (les petits-enfants) l’avons vendue en 2006, voici donc déjà 7 ans. Je suis passée devant récemment à la recherche de nids d’hirondelles. Elle est actuellement en cours de rénovation extérieure mais reste facilement reconnaissable, épousant la courbe d’un tournant de la route.

    Habitant Elancourt Village distant de 2 km, nous y passions en famille tous nos dimanches après-midis lorsque j’étais petite fille. Il fallait descendre 2 marches pour entrer par la cuisine et atteindre la salle à manger assez vaste mais basse de plafond avec des poutres. C’est là que mon oncle et ma tante nous accueillaient systématiquement avec plusieurs autres couples autour de café, thé et gâteaux. Au fond de la salle, il y avait l’appareil magique que je ne possédais pas encore chez moi : la télévision ! Et l’hiver, les hommes passaient volontiers leur après-midi devant un ou deux westerns pendant qu’en début de soirée, Bonne nuit les petits faisait fureur auprès des enfants.

    L’été, nous traversions la route pour rejoindre en face une grande propriété (ancienne ferme de mon oncle) dans laquelle se trouvait une belle piscine : rare pour les années 60 ! Un jour que je revenais d’une fête foraine avec un chapeau pointu, je tombai malencontreusement dans l’eau, habillée. Voyant mon chapeau flotter, un ami me récupéra de justesse avant que je ne m’enfonce, ne sachant pas nager : la honte de ma vie de petite fille !!!  Pour me mettre au sec, la maîtresse de maison me prêta une magnifique jupe matelassée qui appartenait à sa fille mais que je dus rendre les jours suivants.

    Au-delà de la famille, bon nombre d’amis étaient des parisiens qui venaient dans le village en week-end. Mes yeux d’enfant vivant à la campagne les regardaient à l’époque, avec envie : l’un possédait une DS qui tractait une belle et grande caravane, l’autre payait des cours d’équitation à sa fille…


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  • Château Les Mesnuls   Tabac Le Goff   Gare RG Versailles

                Château des Mesnuls                            Place d'Elancourt                      Gare ferroviaire Versailles RG

    Lorsque je me balade dans la plaine de Montfort l’Amaury, je rencontre assez souvent un bus de la ligne régulière reliant Les Mesnuls à Saint-Quentin-en-Yvelines et à chaque fois, je me dis : elle vit toujours cette ligne ? C’était la Compagnie Gaubert qui l’assurait, il y a 45 ans. Elle passait par Elancourt Village et m’emmenait à un arrêt d’Ergal, de Trappes, de Saint-Cyr-L’Ecole ou encore au terminus de la gare routière de Versailles Rive Gauche (la gare de SQY n’existait pas à l’époque).

    Aujourd’hui, j’ai fait ma curieuse sur Internet et je l’ai retrouvée chez Hourtoule avec, en aval de SQY,  des arrêts inchangés ! Il s’agit de la ligne n° 5. Rend-elle autant service que dans les années 70 ? Je l’espère. Car…  je peux vous dire qu’elle en a véhiculé des rencontres, des discussions, des commérages,  des crises de rire, des pleurs et des petits sommes aussi… qui nous faisaient, de temps en temps, oublier de descendre ! Bref, toute une vie riche en évènements.

     Complément :

    Je commençai à emprunter assidûment la ligne de bus Gaubert - en alternance, suivant mes horaires, avec les cars Perrier qui desservaient également Élancourt - lorsque j’entrai en sixième au lycée Mansart de Saint-Cyr-l’École, puis continuai en secondaire pour aller à Versailles et en supérieur pour me rendre à Paris à partir de la gare SNCF de Trappes.

    Au-delà de mes camarades de lycée qui me tenaient compagnie le matin à l’arrêt de l’église d’Élancourt, je retrouvais souvent dans l’autocar des adultes d’Ergal : une tante, une voisine ou encore une cousine qui se rendaient soit à Versailles, soit à Trappes, pour y travailler. Le car était déjà bien rempli du fait de ses précédents arrêts dans les villages de la plaine de Montfort l’Amaury ; aussi n’était-il pas rare que, faute de places, je me tienne debout dans l’allée entre Élancourt et Trappes, alors que les adultes que je me devais de respecter restaient assis ! Le soir, je me trouvais cette fois assise, c’était au tour de mon amie d’enfance de Launay et d’autres camarades de rester debout en montant à l’arrêt du collège de Trappes et bien souvent, ils n’avaient pas la possibilité, à mon plus grand regret, de venir jusqu’à moi compte tenu de l’affluence dans l’allée. Il m’était même parfois difficile de me frayer un chemin pour descendre à mon arrêt à l’église d’Élancourt !

    Dans les années 70, deux chauffeurs assuraient régulièrement cette ligne Gaubert de Versailles RG – Les Mesnuls : R. et DD.  D’âge mûr, ce dernier finit par sympathiser avec une passagère plus jeune que lui, voisine de notre maison familiale ; ils eurent un fils ensemble et DD vint alors vivre à Ergal.

    L’un ou l’autre des deux chauffeurs durent, de temps en temps, se fâcher à cause du chahut des adolescents qui, au départ de Versailles, se disputaient les places surélevées de la rangée du fond de l’autocar, les meilleures : celles d’où on pouvait épier tout ce qui se passait devant nous sans que nous soyons vus… Avec la sœur de mon amie qui allait au même lycée que moi, nous retrouvions sur cette banquette du fond toute une brochette de copains d’Ergal avec lesquels nous avions de sacrés fous rires.

    En fait, cette ligne de bus – 4 à 5 rotations quotidiennes -constituait à l’époque la liaison exclusive des villages de la plaine de Montfort avec le centre administratif de Versailles. Lorsqu’il n’y avait pas trop d’embouteillage à l’entrée de Versailles le matin, le trajet à partir d’Élancourt devait durer entre 30 et 45 mn, donc plus d’une heure à partir de la tête de ligne des Mesnuls.


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  • usine en activitéVue de chez mes parents à la fin des années 1960 


    Après la dernière maison (face à l’ancienne usine) sur la gauche du chemin de Paris, il y a toujours un terrain non construit, tout en profondeur, séparant la zone habitée des terres agricoles.

    Enfant, ma chambre était située côté route de la Coudriette et donnait sur le chemin de Paris, situé en contrebas. À une époque, le terrain en question fut occupé par des résidents en caravane, enfants d’une famille élancourtoise mais, soyons bien clair, n’appartenant pas à la Communauté des Gens du Voyage.

    Une nuit, je fus réveillée ainsi que mes parents en sursaut par de forts et longs coups de mitraillette… Bruit plus qu’étrange et angoissant dans un si petit village, à trente ans de la fin du dernier siècle !!! Nous nous croyions, soit en état de guerre, soit dans l’action d’un film policier. Et nous apprenions le lendemain qu’il s’était agi d’une course poursuite de nos voisins du bas par des policiers ou des gendarmes, je ne me souviens plus très bien. Quelle affaire !


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  • pupitres de classeEn cette période de Noël, l'attente est trop longue... Le Musée de l'Education tarde à ouvrir ses portes. Alors, j'ai volé cette image à travers les vitres d'une fenêtre de mon ancienne école : nos chers vieux bancs et pupitres y sont empilés les uns sur les autres en attendant qu'ils soient mis en valeur dans une salle de classe reconstituée !

    Quant à l'arrière de l'école rénovée, une rotonde nous y offre ses mosaïques de galets colorés.

     

     

    arriere_ ecole


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  • Samedi 5 novembre : suite de l'atelier d'écriture à Villiers-Saint-Frédéric sur le thème "Enfances".

    Au sein de ma liste à la "Perec" (cf : article précédent), je choisis le thème qui présente, selon moi,  le plus d'intérêt d'un point de vue personnel mais également d'un point de vue littéraire. Voici donc mon premier texte sur le thème de l'écriture. Ecouter en MP3

    «Elle écrit comme un petit chat !» 
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    1963 : Élancourt Village - Cours élémentaire, première année.

    J’entends encore le son de la cloche, signal de fin de récréation et de mise en rang. Je revois encore l’enfilade de nos porte-manteaux de part et d’autre du couloir. Je respire encore l’odeur mélangée de craie, d’encre et de plastique de nos protège-cahiers. J’effleure encore le bois de mon pupitre au vernis écaillé. Assoiffée d’apprendre et de découvrir, j’adore cet instant d’entrée en classe.

    Ouverture du cahier d’écriture. Je mâchouille la pointe de mon porte-plume. Le goût âpre du bois, ramolli par ma salive, arrive progressivement dans ma bouche. Aujourd’hui, mercredi 6 novembre 1963, lignes d’écriture consacrées à la lettre F.

    Angoisse de l’élève studieuse : la tache d’encre… le plausible pâté violacé ! Je m’assure de la proximité de mon buvard rose avant de tremper ma plume dans l’encrier et de la tapoter contre son rebord en porcelaine blanche afin d’ôter le surplus de fluide.

    La majuscule donne le départ de la ligne… s’appliquer… bien fermer les deux boucles de la minuscule et les ficeler ensemble par un court trait qui s’envole…  une minuscule, puis  deux, puis trois, quatre, cinq… J’ai eu froid pendant la récréation… Alors, soudain… atchoum !

    Malgré l’absorption rapide du liquide par le buvard, l’inévitable est là, à l’intérieur de mon cahier flambant neuf !  La maîtresse me porte secours mais rien n’y fait ! Quelques larmes coulent de mes joues et viennent aggraver, de surcroît,  les salissures de ma page.

    Mon institutrice est fille d’une vieille dame que j’appelle mémé et chez laquelle je me précipite toujours avec enthousiasme, à la sortie de l’école. Après le goûter, nous entamons une longue succession de parties de dominos qui, ce soir-là, est interrompue par la visite de mon professeur.  

    «Elle écrit comme un petit chat !» dit celle-ci à sa mère, en me jetant un regard attendri.
    Écrire comme un petit chat ? Je ne sais pas si, compte tenu de l’épisode matinal du pâté, elle m’adresse à ce moment-là un compliment ou un reproche. Mon esprit enfantin de l’époque opte immédiatement pour la ronde et gracieuse écriture qu’une réputation de chaton serait à même de tracer.

    Plus tard, ma maturité d’adulte m’apprend que l’expression désigne un gribouillis illisible, tel un amas informe de pattes de mouche. Patte de mouche ou griffe de chat ? Il me faudrait le savoir ! Selon le dictionnaire des expressions françaises, celle-ci pourrait trouver son origine chez le greffier, dit  «le chat» en argot parisien. Bref, on ne sait pas vraiment !

    Mais quelle importance à l’heure où je vous raconte cette réminiscence d’enfance ? Je vous écris sans tache, ni rature, à l’aide des lettres standardisées et impersonnelles du clavier de mon ordinateur. Il y a déjà longtemps que ma petite écriture de chat s’est volatilisée, à mon plus grand regret, dans l’immatérialité.

     


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